mardi 30 juin 2009

De l'incompatibilité de certains passe-temps...


L'été, la chaleur étouffante, la flemme, le farniente, la petite bière bien fraîche et la petite brise (quand il y en a)... On rajoute à ça un bon bouquin, et hop, le tour est joué, la vie est quasi idyllique !

Un pastis sur le Vieux-Port de Marseille, la Bonne-Mère en ligne de mire : le rêve...!
Un pastis sur le Vieux-Port de Marseille, la Bonne-Mère en ligne de mire : le rêve...!
En bref, je n'arrive pas à concilier lectures intensives et blog... Rester à côté de l'unité centrale de l'ordi avec cette chaleur est une activité bien trop dangereuse pour mon pauvre corps... Les bouquins ont donc gagné !

Le blog va alors subir de plein fouet la chaleur écrasante... Disons qu'il va végéter un peu, que les deux mois à venir ne vont pas être d'une grande productivité... mais que c'est une mise en somnolence qui va permettre un méga super retour en septembre !

En ce qui me concerne, les deux mois à venir vont passer entre le boulot (climatisé), la maternité (une petite nièce attendue pour début août), et la Provence (quelques jours entre Marseille, Aix-en-Provence et les petits patelins juste magnifiques qui se trouvent dans les alentours)...


Bonnes vacances à tous...!


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lundi 22 juin 2009

Le Petit Chaperon Rouge - Grimm, 1812


Timbre allemand à l'effigie du Petit Chaperon Rouge - 1960
Timbre allemand - 1960


Le Petit Chaperon Rouge

Rotkäppchen


Il était une fois une adorable petite fillette que tout le monde aimait rien qu'à la voir, et plus que tous, sa grand-mère, qui ne savait que faire ni que donner comme cadeaux à l'enfant. Une fois, elle lui donna un petit chaperon de velours rouge et la fillette le trouva si joli, il lui allait tellement bien, qu'elle ne voulut plus porter autre chose et qu'on ne l'appela plus que le Petit Chaperon Rouge.

Un jour, sa mère lui dit :

— Tiens, Petit Chaperon Rouge, voici un morceau de galette et une bouteille de vin : tu iras les porter à ta grand-mère ; elle est malade et affaiblie, et elle va bien se régaler. Vas-y tout de suite, avant qu'il ne fasse trop chaud ; et sois bien sage en chemin et ne saute pas à droite ou à gauche pour aller tomber et me casser la bouteille de grand-mère, qui n'aurait plus rien. Et puis, dis bien bonjour en entrant et ne regarde pas d'abord dans tous les coins !

— Je serai sage et je ferai tout pour le mieux, promit le Petit Chaperon rouge à sa mère, avant de lui dire au revoir et de partir.

Mais la grand-mère habitait à une bonne demi-heure du village, tout là-bas, dans la forêt ; et lorsque le Petit Chaperon Rouge entra dans la forêt, ce fut pour rencontrer le loup. Mais elle ne savait pas que c'était une si méchante bête et elle n'avait pas peur.

— Bonjour, Petit Chaperon Rouge, dit le loup.
— Merci à toi et bonjour aussi, loup.
— Où vas-tu de si bonne heure, Petit Chaperon Rouge ?
— Chez grand-mère.
— Que portes-tu sous ton tablier, dis-moi ?
— De la galette et du vin, dit le Petit Chaperon Rouge ; nous l'avons cuite hier et je vais en porter à grand-mère, parce qu'elle est malade et que cela lui fera du bien.
— Où habite-t-elle, ta grand-mère, Petit Chaperon Rouge ? demanda le loup.
— Plus loin dans la forêt, à un quart d'heure d'ici ; c'est sous les trois grands chênes, et juste en dessous, il y a des noisetiers, tu reconnaîtras forcément, dit le Petit Chaperon Rouge.


Timbre allemand à l'effigie du Petit Chaperon Rouge - 1960
Timbre allemand - 1960


Fort de ce renseignement, le loup pensa : « Un fameux régal, cette mignonne et tendre jeunesse ! Grasse chère, que j'en ferai : meilleure encore que la grand-mère, que je vais engloutir aussi. Mais attention, il faut être malin si tu veux les déguster l'une et l'autre. » Telles étaient les pensées du loup tandis qu'il faisait un bout de conduite au Petit Chaperon Rouge. Puis il dit, tout en marchant :

— Toutes ces jolies fleurs dans le sous-bois, comment se fait-il que tu ne les regardes même pas, Petit Chaperon Rouge ? Et les oiseaux, on dirait que tu ne les entends pas chanter ! Tu marches droit devant toi comme si tu allais à l'école, mais c'est pourtant rudement joli, la forêt !

Le Petit Chaperon Rouge donna un coup d'œil alentour et vit danser les rayons du soleil entre les arbres, et puis partout, partout des fleurs qui brillaient. « Si j'en faisais un bouquet pour grand-mère, se dit-elle, cela lui ferait plaisir aussi ; il est tôt et j'ai bien le temps d'en cueillir. » Sans attendre, elle quitta le chemin pour entrer dans le sous-bois et cueillir des fleurs : une ici, l'autre là, mais la plus belle était toujours un peu plus loin, et encore plus loin dans l'intérieur de la forêt. Le loup, pendant ce temps, courait tout droit à la maison de la grand-mère et frappait à sa porte.

— Qui est là ? cria la grand-mère.
— C'est moi, le Petit Chaperon Rouge, dit le loup ; je t'apporte de la galette et du vin, ouvre-moi !
— Tu n'as qu'à tirer le loquet, cria la grand-mère. Je suis trop faible pour aller t'ouvrir.

Le loup tira le loquet, poussa la porte et entra pour s'avancer tout droit, sans dire un mot, jusqu'au lit de la grand-mère, qu'il avala. Il mit ensuite sa chemise, s'enfouit la tête sous son bonnet de dentelle et se coucha dans son lit, puis tira les rideaux de l'alcôve.

Le Petit Chaperon Rouge avait couru de fleur en fleur, mais à présent son bouquet était si gros que c'était tout juste si elle pouvait le porter. Alors elle pensa à sa grand-mère et se remit bien vite en chemin pour arriver chez elle. La porte était ouverte et cela l'étonna ; mais quand elle fut dans la chambre, tout lui parut de plus en plus bizarre et elle se dit : « Mon Dieu, comme tout est étrange aujourd'hui ! D'habitude, je suis si heureuse quand je suis chez grand-mère ! » Elle salua pourtant :

— Bonjour, grand-mère !


Timbre allemand à l'effigie du Petit Chaperon Rouge - 1960
Timbre allemand - 1960


Mais comme personne ne répondait, elle s'avança jusqu'à son lit et écarta les rideaux. La grand-mère était là, couchée, avec son bonnet qui lui cachait presque toute la figure, et elle avait l'air si étrange.

— Comme tu as de grandes oreilles, grand-mère !
— C'est pour mieux t'entendre, répondit-elle.
— Comme tu as de gros yeux, grand-mère !
— C'est pour mieux te voir, répondit-elle.
— Comme tu as de grandes mains !
— C'est pour mieux te prendre, répondit-elle.
— Oh ! grand-mère, quelle grande bouche et quelles terribles dents tu as !
— C'est pour mieux te manger, dit le loup, qui fit un bond hors du lit et avala le pauvre Petit Chaperon Rouge d'un seul coup.

Sa voracité satisfaite, le loup retourna se coucher dans le lit et s'endormit bientôt, ronflant plus fort que fort. Le chasseur, qui passait devant la maison, l'entendit et pensa : « Qu'a donc la vieille femme à ronfler si fort ? Il faut que tu entres et que tu voies si elle a quelque chose qui ne va pas. » Il entra donc et, s'approchant du lit, vit le loup qui dormait là.

— C'est ici que je te trouve, vieille canaille ! dit le chasseur. Il y a un moment que je te cherche !...

Et il allait épauler son fusil, quand, tout à coup, l'idée lui vint que le loup avait peut être mangé la grand-mère et qu'il pouvait être encore temps de la sauver. Il reposa son fusil, prit des ciseaux et se mit à tailler le ventre du loup endormi. Au deuxième ou au troisième coup de ciseaux, il vit le rouge chaperon qui luisait ; deux ou trois coups de ciseaux encore, et la fillette sortait dehors en s'écriant : « Oh, la, la, quelle peur j'ai eue ! Comme il faisait noir dans le ventre du loup ! » Et bientôt après, sortait aussi la vieille grand-mère, mais c'était à peine si elle pouvait encore respirer. Le Petit Chaperon Rouge courut chercher de grosses pierres qu'ils fourrèrent dans le ventre du loup ; et quand il se réveilla et voulut bondir, les pierres pesaient si lourd qu'il s'affala et resta mort sur le coup.

Tous les trois étaient bien contents : le chasseur prit la peau du loup et rentra chez lui ; la grand-mère mangea la galette et bu le vin que le Petit Chaperon Rouge lui avait apportés, se retrouvant bientôt à son aise. Mais pour ce qui est du Petit Chaperon Rouge, elle se jura : « Jamais plus de ta vie tu ne quitteras le chemin pour courir dans les bois, quand ta mère te l'a défendu. »


Timbre allemand à l'effigie du Petit Chaperon Rouge - 1960
Timbre allemand - 1960




On raconte encore qu'une autre fois, quand le Petit Chaperon Rouge apportait de nouveau la galette à sa vieille grand-mère, un autre loup essaya de la distraire et de la faire sortir du chemin. Mais elle s'en garda bien et continua à marcher tout droit. Arrivée chez sa grand-mère, elle lui raconta bien vite que le loup était venu à sa rencontre et qu'il lui avait souhaité le bonjour, mais qu'il l'avait regardée avec des yeux si méchants : « Si je n'avais pas été sur la grand-route, il m'aurait dévorée ! » ajouta-t-elle.

— Viens, lui dit sa grand-mère, nous allons fermer la porte et la bien cadenasser pour qu'il ne puisse pas entrer ici.

Peu après, le loup frappait à la porte et criait : « Ouvre-moi, grand-mère ! C'est moi, le Petit Chaperon Rouge, qui t'apporte des gâteaux ! » Mais les deux gardèrent le silence et n'ouvrirent point la porte. Tête-Grise fit alors plusieurs fois le tour de la maison à pas feutrés, et, pour finir, il sauta sur le toit, décidé à attendre jusqu'au soir, quand le Petit Chaperon Rouge sortirait, pour profiter de l'obscurité et l'engloutir. Mais la grand-mère se douta bien de ses intentions.

— Prends le seau, mon enfant, dit-elle au Petit Chaperon Rouge ; j'ai fait cuire des saucisses hier, et tu vas porter l'eau de la cuisson dans la grande auge de pierre qui est devant l'entrée de la maison.

Le Petit Chaperon Rouge en porta tant et tant de seaux que, pour finir, l'auge était pleine. Alors la bonne odeur de la saucisse vint caresser les narines du loup jusque sur le toit. Il se pencha pour voir et renifler, se pencha et renifla, renifla et se pencha si bien en tendant le cou, qu'à la fin il glissa et ne put plus se retenir. Il glissa du toit et tomba droit dans l'auge de pierre où il se noya.

Allègrement, le Petit Chaperon Rouge regagna sa maison, et personne ne lui fit le moindre mal.


Jacob et Wilheim Grimm
Contes des Enfants et du Foyer [Kinder- und Hausmärchen] (conte n°26), 1812
Traduit de l'allemand par Armel Guerne - Éditions Flammarion, 1967


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dimanche 21 juin 2009

L'été...



L'Été - Giuseppe Arcimboldo (1526-1593)

Les fourriers d'Été sont venus

Les fourriers d'Été sont venus
Pour appareiller son logis,
Et ont fait tendre ses tapis,
De fleurs et verdure tissus.

En étendant tapis velus,
De vert herbe par le pays,
Les fourriers d'Été sont venus
Pour appareiller son logis.

Coeurs d'ennui piéça morfondus,
Dieu merci, sont sains et jolis ;
Allez-vous-en, prenez pays,
Hiver, vous ne demeurez plus ;
Les fourriers d'Été sont venus.

Charles d'Orléans, Rondeaux

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vendredi 19 juin 2009

Sperme de flamand rose




L'été approche à grands pas, le soleil brille, les peaux blanc-cul crâment... Et pour tenter d'étancher la soif inextinguible que provoque l'écrasante chaleur de ces derniers jours (je ne sais pas comment c'est chez vous, mais ici, il "tombe du feu"), je vous propose de tester le « Sperme de flamand rose » ou « Foutralafraise », cocktail inventé par Boris Vian...

Afin de réaliser ce magnifique breuvage, vous aurez besoin de :
• 1/3 de crème fraîche ou lait concentré sucré Nestlé
• 1/3 de crème de fraise l'Héritier Guyot
• 1/3 de cognac Absolument supérieur à l'alexandra
... et le tour sera joué ! Appétissant, non ?!



Le « Sperme de flamand rose » et le « Champagne St Germain »,
cocktails inventés par Boris Vian


Je risque de vous bassiner encore durant quelques posts avec Boris Vian. Cette année 2009 marque le cinquantième anniversaire de sa mort... Non pas que je veuille fêter ça, mais il me semble que c'est l'occasion de parler un peu de ce génialissime personnage.


Boris Vian sur Le chemin des aiguilles :
Vernon Sullivan, enfant terrible...

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mercredi 17 juin 2009

Utiliser Internet pendant les épreuves du bac ?




Et s'il était possible d'utiliser Internet pendant les épreuves du bac ? Cela semble insensé, non ?! Et pourtant...

Un petit tour sur Rue89 vous apprendra que « le Danemark a décidé d'autoriser, à titre expérimental, les lycéens à accéder au Net pendant leurs examens. Une mesure qui, si les tests sont concluants, pourrait être généralisée en 2011. » L'article n'est pas ultra récent (30 mai), mais je ne l'ai vu qu'aujourd'hui.

Plusieurs arguments sont avancés : les lycéens ayant accès à Internet pour faire leurs devoirs, pourquoi les en priver le jour du bac ? Et pourquoi demander à ces pauvres jeunes de mémoriser tout un tas d'informations quand celles-ci sont facilement accessibles en quelques clics ? Pauvres petites cervelles... Mais attention, tout a été prévu, « et pour éviter les risques de tricherie, les élèves n'auront pas le droit d'utiliser de messagerie instantanée, pas plus que les traducteurs automatiques, et leurs écrans seront de toute façon contrôlés, de manière aléatoire, par des surveillants. » Ouf, on a eu peur... On pensait qu'il allait être demandé aux futurs bacheliers de faire des copier/coller...

D'ailleurs, à ce propos, les sujets proposés ne se prêteront pas à ce genre de pratique, ils seront plus accès sur la réflexion et sur la capacité d'analyse et de synthèse des jeunes boutonneux.
« Le Danemark parie sur [...] leur intelligence. »
Et puis il semble que l'introduction de la calculatrice dans les épreuves du bac avait suscité un tollé semblable et avait soulevé pas mal de questions dans le genre : « Oh ben alors, les jeunes ne sauront plus faire de calcul mental ?! » [Mes joues s'empourprent et je me vois contrainte d'avouer que je suis une vraie bille en calcul mental...] Alors pourquoi s'affoler de l'introduction de ce nouvel outil de travail...? Peut être que l'idée n'est pas totalement mauvaise ; elle mérite certainement d'être un peu adaptée, voilà tout...

Il faut reconnaitre que le Danemark a au moins le mérite d'essayer quelque chose, d'essayer de s'adapter aux nouvelles technologies et aux nouvelles pratiques des — presque — étudiants. Et puis il est vrai que même si Internet est une source quasi-infinie d'informations, le challenge est d'arriver à savoir les lire correctement, à les comprendre, à juger de leur pertinence. Le rôle de l'école se trouve certainement là : apprendre à lire Internet au même titre qu'apprendre à lire (et donc à comprendre) un livre. Et puis miser sur les capacités d'analyse et de synthèse n'est pas une mauvaise chose ; pousser les futurs bacheliers à la réflexion plutôt que de leur demander de recracher bêtement les cours est certainement plus salutaire pour tout le monde... M'enfin quand même... À se demander comment on a fait, nous, pour avoir le bac sans Internet...


Petite pensée pour tous les pauvres petits lycéens qui passent l'épreuve de philo demain matin... Courage ! Je crois bien que le bac est le seul examen que je ne repasserais pour rien au monde !


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dimanche 14 juin 2009

Le Petit Chaperon rouge - Perrault, 1697


Gravure d'Antoine Clouzier - 1697
Gravure d'Antoine Clouzier, 1697


Texte du deuxième tirage sorti des presses de Claude Barbin en 1697.
L'orthographe a été modernisée, des guillemets et des tirets ont été introduits dans les dialogues. La disposition originale des strophes et des alinéas a été respectée, ainsi que l'emploi de l'italique et des majuscules.



Le Petit Chaperon rouge

Conte

Il était une fois une petite fille de Village, la plus jolie qu’on eût su voir ; sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l’appelait le Petit chaperon rouge.

Un jour, sa mère, ayant cuit et fait des galettes, lui dit : « Va voir comme se porte ta mère-grand, car on m’a dit qu’elle était malade ; porte-lui une galette et ce petit pot de beurre. » Le Petit Chaperon rouge partit aussitôt pour aller chez sa mère-grand, qui demeurait dans un autre Village. En passant dans un bois elle rencontra compère le Loup, qui eut bien envie de la manger ; mais il n’osa, à cause de quelques Bûcherons qui étaient dans la Forêt. Il lui demanda où elle allait ; la pauvre enfant, qui ne savait pas qu’il est dangereux de s’arrêter à écouter un Loup, lui dit : « Je vais voir ma Mère-grand, et lui porter une galette avec un petit pot de beurre que ma Mère lui envoie.Histoires, ou Contes du tems passé : avec des moralités (Nouv éd. augm. d'une nouvelle à la fin) / par M. Perrault - La Haye, 1742. — Demeure-t-elle bien loin ? lui dit le Loup. — Oh ! oui, dit le petit chaperon rouge, c’est par-delà le moulin que vous voyez tout là-bas, à la première maison du Village. — Hé bien, dit le Loup, je veux l’aller voir aussi ; je m’y en vais par ce chemin ici, et toi par ce chemin-là, et nous verrons qui plus tôt y sera. » Le loup se mit à courir de toute sa force par le chemin qui était le plus court, et la petite fille s’en alla par le chemin le plus long, s’amusant à cueillir des noisettes, à courir après des papillons, et à faire des bouquets des petites fleurs qu’elle rencontrait. Le loup ne fut pas longtemps à arriver à la maison de la Mère-grand ; il heurte : Toc, toc. « Qui est là ? — C’est votre fille le petit chaperon rouge (dit le Loup, en contrefaisant sa voix) qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma Mère vous envoie. » La bonne Mère-grand, qui était dans son lit à cause qu’elle se trouvait un peu mal, lui cria : « Tire la chevillette, la bobinette cherra. » Le Loup tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. Il se jeta sur la bonne femme, et la dévora en moins de rien ; car il y avait plus de trois jours qu’il n’avait mangé. Ensuite il ferma la porte, et s’alla coucher dans le lit de la Mère-grand, en attendant le petit chaperon rouge, qui quelque temps après vint heurter à la porte. Toc, toc. « Qui est là ? » Le petit chaperon rouge, qui entendit la grosse voix du Loup, eut peur d’abord, mais croyant que sa Mère-grand était enrhumée, répondit : « C’est votre fille le petit chaperon rouge, qui vous apporte une galette et un petit pot de beurre que ma Mère vous envoie. » Le Loup lui cria en adoucissant un peu sa voix : « Tire la chevillette, la bobinette cherra. » Le petit chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. Le Loup, la voyant entrer, lui dit en se cachant dans le lit sous la couverture : « Mets la galette et le petit pot de beurre sur la huche, et viens te coucher avec moi. » Le petit chaperon rouge se déshabille, et va se mettre dans le lit, où elle fut bien étonnée de voir comment sa Mère-grand était faite en son déshabillé. Elle lui dit : « Ma mère-grand, que vous avez de grands bras ! — C’est pour mieux t’embrasser, ma fille. — Ma mère-grand, que vous avez de grandes jambes ! — C’est pour mieux courir, mon enfant. — Ma mère-grand, que vous avez de grandes oreilles ! — C’est pour mieux écouter, mon enfant. — Ma mère-grand, que vous avez de grands yeux ! — C’est pour mieux voir, mon enfant. — Ma mère-grand, que vous avez de grandes dents ! — C’est pour te manger.1 » Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta sur le petit chaperon rouge, et la mangea.


Jacques de Sève (dessins), Simon Fokke (gravure) - 1742
Jacques de Sève (dessins), Simon Fokke (gravure) - 1742


MORALITÉ

On voit ici que de jeunes enfants,
______Surtout de jeunes filles
______Belles, bien faites, et gentilles,
Font très mal d’écouter toute sorte de gens,
______Et que ce n’est pas chose étrange,
______S’il en est tant que le loup mange.
______Je dis le loup, car tous les loups
______Ne sont pas de la même sorte ;
______Il en est d’une humeur accorte,
______Sans bruit, sans fiel et sans courroux,
______Qui privés, complaisants et doux,
______Suivent les jeunes Demoiselles
Jusque dans les maisons, jusque dans les ruelles ;
Mais hélas ! qui ne sait que ces Loups doucereux,
______De tous les Loups sont les plus dangereux.



Charles Perrault, Histoires ou Contes du temps passé. Avec des moralités.
Paris: Claude Barbin, 1697


1 Le manuscrit de 1695 note en marge : « On prononce ces mots d'une voix forte pour faire peur à l'enfant comme si le loup l'allait manger. » Les enfants aussi jouaient au loup. Le mathématicien Jacques Le Pailleur narre dans une épître rimée comment vers 1640, Marie-Madeleine de La Vergne, la future romancière madame de La Fayette, excellait à se couvrir la tête de son devanteau (sorte de tablier) et à « faire le loup » pour effrayer la compagnie. Quant à Pierre Larousse, dans son Grand Dictionnaire universel, il raconte : « Je me rappellerai toujours — j'avais cinq ans alors — que, monté sur une table, on me faisait déclamer un soir Le Petit Chaperon rouge. Arrivé à la dernière péripétie du drame, au moment où le loup dit "C'est pour mieux te croquer, mon enfant", j'ajoutai tellement l'action à la parole, qu'il m'arriva de dégringoler. Si au moins il y avait eu des tapis ! mais c'était dans un pauvre village de la Basse-Bourgogne ! Le Petit Chaperon rouge est aussi un des contes favoris de mon petit bébé, Antonine ; mais quand l'enfant arrive à la ritournelle fatale, le papa, instruit par sa propre expérience, songe à sa bosse d'autrefois et avance machinalement la main. »


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mardi 9 juin 2009

Phographies et Anecdotes (2)




Général de Gaulle - Jean Dieuzaide (Yan)
Toulouse, 16 septembre 1944


C'est le 16 septembre 1944 que Yan va véritablement se propuler au devant de la scène et imposer sa signature dans la presse. Ce jour-là, le général de Gaulle effectue une visite rapide à Toulouse pour prendre le pouls des forces de résistance composées de F.F.I., de F.T.P. et de beaucoup de maquisards espagnols. Yan se met en tête, bien entendu, de le photographier. Mais les mesures de sécurité sont strictes et impératives : interdiction formelle aux photographes d'approcher à moins de dix mètres ! Des conditions qui rendent impossible tout portrait en gros plan.

Dans l'après-midi toutefois, une occasion va se présenter.

« Après le discours prononcé au balcon du Capitole, la voiture découverte du général vient se ranger devant le trottoir en face de la mairie. Visant le balcon où parlait le général, je savais que j'arriverai à la voiture. Je tente donc de passer au premier rang en fendant une foule compacte. J'arrive enfin au bord des barrières... mais l'endroit exact que j'avais choisi pour me mettre face à l'arrière de la voiture, était occupé par la musique militaire dans tous ses apparats. Que faire ? Avec la complicité des musiciens, je me faufile à quatre pattes entre leurs rangs et me dissimule accroupi entre la grosse caisse et les cymbales ! Je suis resté là tout au long de l'exécution des quatre hymnes nationaux alliés !... Décrire le bruit infernal est impossible !... Mais lorsque le général de Gaulle est sorti, je me suis redressé pour le prendre à la volée, le buste se découpant sur le fond noir du portail de la mairie. Le tout sans téléobjectif évidemment... Le visage n'était pas très gros dans mon viseur ! Je suis vite revenu au laboratoire, l'angoisse au coeur, pour développer ce film avec mon bon D76. Soupir de soulagement, le buste était bien net et se découpait bien sur un fond noir. Je l'ai vite agrandi en 18x24 et le lendemain la photographie était publiée dans la presse locale. »

Les portraits du général étant encore rares à cette époque, l'image a un succès immédiat. Une idée géniale surgit alors dans l'esprit de Yan : celle d'adresser un tirage cartoline de cette photographie à toutes les préfectures de France accompagnée d'une lettre indiquant que « cette photo... est cédée au pris de 20 francs quelle que soit l'importance de la commande » et recommandant de passer « commande rapidement en raison de la pénurie de papier photographique ». Signée Yan, cette lettre lui vaudra un grand nombre de réponses : 300 à 400 épreuves lui sont commandées, la Présidence du Conseil lui achetant même le négatif pour la somme de dix mille francs ! Son premier gros chèque !


Extrait de : Jean Dieuzaide Yan : [photographies]- Marval, 1994


Jean Dieuzaide (1921-2003), photographe français :
Fils d'une famille modeste issue de la région toulousaine, il débute son art peu avant la Seconde Guerre mondiale. Il gagne sa renommée en captant le Général de Gaulle lors de sa venue pour la Libération de Toulouse. Il prend alors le pseudonyme de Yan et travaillera essentiellement dans le sud-ouest français, en Espagne et au Portugal. Il fait en particulier une série de clichés, restés célèbres, sur Salvador Dali. Il est honoré par le prix Niépce en 1955 et le prix Nadar en 1961.
Il a été le créateur et l'animateur à Toulouse de la Galerie municipale du Château-d'Eau, première galerie permanente de photographie en France, installée dans un ancien château d'eau (1824), au bord de la Garonne et au débouché du Pont-Neuf, qui alimentait en eau les fontaines de Toulouse.
[source : wikipédia]


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dimanche 7 juin 2009

Vas-y Roger !



Roger Federer après sa victoire contre Juan Martin Del Potro - 1/2 finale Roland-Garros 2009
© AFP/Patrick Kovarik



Pas de petit petit poème ni de petit conte ce dimanche pour cause de
finale de Roland-Garros...

Allez Roger !!



And the winner is...

Roger Federer, vainqueur du tournoi de roland-Garros 2009, entre dans l'Histoire du tennis

Moi je vous le dis... je suis toute émotionnée...
Un Champion entre dans l'Histoire...

Bravo Roger...

N'oublions pas de souligner le magnifique fair-play
et l'humour ravageur de Robin Söderling...


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samedi 6 juin 2009

Les abeilles, la suite


Lego


Voilà un mois que des abeilles ont élu domicile dans les murs de notre résidence... Elles sont entrées à 4 ou 5 endroits différents et on les entend à travers les murs. Autant dire que ce n'est pas super agréable... On ne peut pas ouvrir complètement les fenêtres... Les pompiers ne se déplacent plus pour ce genre d'intervention, ou, quand ils se déplacent, les interventions sont payantes. L'agence via laquelle nous louons cet appartement est au courant du "léger" problème mais ne semble pas super pressée de résoudre l'affaire.

Excédée, je leur ai téléphoné ce matin avec la ferme intention de leur pourrir la face et de les menacer de ne pas payer mon loyer le mois prochain... Mais là, avant même de commencer à m'acharner sur elle, j'ai eu la belle surprise d'entendre la charmante dame me gueuler dessus : "Oh ben ça va, hein ! On le sait qu'il y a des abeilles dans votre mur ! Et je veux bien croire que ce ne soit pas agréable, mais si vous croyez, vous, que c'est facile de gérer un syndic, hein !! Non mais franchement !! Et puis le gars nous a fait un devis et il y en a pour 1500€... Alors hein !! Et où voulez-vous qu'on trouve cet argent ?! Le syndic ne veut pas payer !! Alors comment je fais, moi, hein ?!" Elle m'a cloué le bec... quelques secondes seulement, mais ça m'a cloué le bec... M'enfin, quand j'ai pu reprendre mes esprits, je peux vous assurer qu'elle s'en est pris plein sa face, cette conne... Je rêve...

Je lui fais remarquer qu'il aurait été judicieux de nous tenir informé de l'avancée des choses, ce à quoi elle me répond : "Oh ben ça va, hein... Et puis tous mes collègues sont au courant, alors... Et puis certains locataires sont au courant aussi, alors vous n'aviez qu'à téléphoner..." Ca me tue, ce genre de choses. Je crois que si je l'avais eu en face de moi, je lui aurais envoyé une belle mandale dans sa gueule...

Alors de deux choses l'une : soit on n'a vraiment pas de bol avec les agences immobilières, soit ce sont tous des incapables. Et je pencherais largement pour la deuxième solution. C'est la troisième agence à laquelle nous avons affaire (ou "à faire", je ne sais jamais). La première, suite à un méga orage de grêle, nous avait laissé plus de six mois sans fenêtres (l'orage a eu lieu en septembre, et l'hiver sans fenêtre, c'est pas super chouette, même dans le Sud-Ouest) ; la seconde agence nous avait perdu un chèque de loyer mais ne s'en est rendu compte qu'un an plus tard (il a fallu faire faire des recherches auprès des banques et tout ça, un vrai régal...) ; et cette troisième agence nous gueule dessus alors que c'est eux qui ne font pas leur job. Ca me dépasse.

Colère toute rouge, PetitChap... Envie de meurtres... de meurtres bien sadiques et bien violents... Avec plein d'hémoglobine tout partout... Mais je me contenterai de fumer quatre paquets de clopes...


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vendredi 5 juin 2009

Quand je serai grande, je bosserai chez Google




Bosser chez Google, c'est quasi idyllique : tu bosses dans une atmosphère super détendue où tout est fait pour que tu n'aies qu'à penser à développer tes idées. Tout a été prévu : des repas gratos à n'importe quel moment de la journée, des salles de relaxation, des piscines, des parcours de mini-golf, des voiturettes pour te déplacer sur le site, des trottinettes si tu préfères patiner un peu... Et puis il y a aussi un service de lavage de voitures, des séances de massages, le toubib sur place au boulot, des navettes pour te ramener chez toi... Et puis tu as le droit de passer 20% de ton temps de travail à développer des projets perso... C'est pas cool, ça ?! Le rêve, je te dis...

Mais avant d'intégrer le magique Googleplex, il te faudra répondre à quelques questions... quelques questions un peu étranges... (la source date de 2007, mais il n'en reste pas moins que ces questions sont étranges...) :

1. Combien de balles de golf peuvent tenir dans un bus scolaire ?

2. Vous êtes rétrécis à la taille d'une pièce de monnaie et votre masse est proportionnellement réduite afin de maintenir votre densité initiale. Vous êtes alors jetés dans un mixer vide. Les lames commenceront à tourner dans 60 secondes. Que faites-vous ?

3. Combien devriez-vous payer pour laver toutes les vitres de Seattle ?
4. Comment découvririez-vous qu'une pile logique augmente ou diminue en mémoire ?

5. Expliquez le terme « base de données », en trois phrases, à votre neveu de 8 ans.

6. Combien de fois par jour les aiguilles d'une horloge se chevauchent-elles ?

7. Vous devez aller d'un point A à un point B. Vous ne savez pas si vous pouvez y arriver. Que feriez-vous ?

8. Imaginez que vous avez une armoire pleine de chemises et qu'il vous est très difficile d'en trouver une. Comment optimiser votre rangement pour retrouver vos chemises plus facilement ?

9. Dans un village de 100 couples mariés, chaque homme a trompé son épouse. Chaque épouse sait instantanément quand un homme autre que son mari a été infidèle, mais ne sait pas quand son propre mari l'a été. Le village a une loi qui n'autorise pas l'adultère. N'importe quelle épouse pouvant montrer que son mari est infidèle doit le tuer immédiatement. Les femmes du village ne désobéiraient jamais à cette loi. Un jour, la reine du village arrive et annonce qu'au moins un mari a été infidèle. Que se produit-il ?

10. Dans un pays où les gens ne veulent que des garçons, les familles continuent d'enfanter jusqu'à ce qu'elles aient un garçon. Si elles ont une fille, elles ont un autre enfant. Si elles ont un garçon, elles s'arrêtent. Quelle est la proportion de garçons par rapport aux filles dans le pays ?

11. Si la probabilité d'observer une voiture en 30 minutes sur une route est de 0.95, quelle est la probabilité d'observer une voiture en 10 minutes ?

12. Vous regardez une horloge indiquant 3h15mn, quel est l'angle entre l'aiguille des heures et celle des minutes ? (La réponse n'est pas zéro !)

13. Quatre personnes doivent traverser un pont de corde délabré pour rejoindre leur campement dans la nuit. Malheureusement, elles n'ont qu'une seule lampe torche qui peut fonctionner pendant dix-sept minutes. Il est trop dangereux de traverser le pont sans lampe et seules 2 personnes peuvent franchir le pont à la fois. Chaque campeur marche à une vitesse différente. L'un le traverse en 1mn, un autre en 2mn, un troisième en 5mn et le dernier en 10mn. Comment les campeurs peuvent-il traverser le pont en 17mn ?

14. Vous êtes à une soirée avec un ami. Dix personnes y sont présentes, dont vous et votre ami. Votre ami parie que si vous trouvez une personne qui est née le même jour que vous, il vous donne 1$; que pour chaque personne qu'il trouve n'étant pas né le même jour que vous, vous lui donnez 2$. Accepteriez-vous le pari ?

15. Combien y a-t-il d'accordeurs de pianos dans le monde entier ?

16. Vous avez huit boules de même taille. Sept d'entre elles pèsent le même poids, et la dernière pèse légèrement plus. Comment trouver la boule la plus lourde en utilisant une balance et seulement deux poids ?
[Je ne suis pas certaine que la traduction de cette question soit exacte... Il me semble plus logique de poser la question ainsi : "Comment trouver la boule la plus lourde en utilisant une balance et seulement deux pesées ?", mais je me trompe peut être ...]

17. Cinq pirates sont rangés du plus grand jusqu'au plus petit. Le pirate le plus grand a le privilège de répartir les 100 pièces d'or entre eux cinq. Mais les autres ont le droit de voter son plan, et si moins de la moitié sont d'accord avec lui, il est tué. Comment devrait-il répartir l'or pour optimiser sa part et vivre pour en profiter ? (Conseil : Un pirate finit avec 98 pour cent de l'or.)

[La source ici]

Alors ?! Qui veut tenter de répondre ?!


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